Chère Valérie,
C’est la première fois que je réalise une série de dessins qui ne soient pas directement des préparatifs pour une mise en oeuvre à venir.
Les dessins de Saché ne servent à rien d’autre que de comprendre un lieu, à vérifier si des lectures que j’en fais sont viables. Je pense qu’il s’agit d’une tentative de délimiter un champ possible et de laisser des lectures apparaître en creux.
Si ces lectures sont la chose importante, les dessins ont forcément une certaine “in-importance”— unwichtigkeit. Ce qui me plaît le plus pour leur présentation à art3 c’est que cette notion “d’in-importance” sera soulignée par deux fois : Une fois vers l’intérieur des dessins – j’ai constaté que les parties des dessins marquées en orange sont les zones dont j’ai le moins besoin ; et une fois vers l’extérieur – la salle d’exposition est reléguée derrière les bureaux, dans une situation volontairement secondaire.
Amitiés
Veit
art3, en sa qualité de structure artistique de recherche, propose à Veit Stratmann de faire une présentation de projet qui ne se réalisera pas, qui restera dans l’état provisoire du plan. L’œuvre existe potentiellement. Veit Stratmann définit donc un territoire flottant entre intention et ébauche, entre projection et concrétisation. Les dessins en double transparence, par le support et par le refus de montrer l’opacité des murs, sont suffisamment rigoureux pour accéder au statut de plan, mais insuffisamment déchiffrables pour comprendre le sens de l’espace qui y est représenté. L’aplat de couleur est assez dense pour qu’il s’agisse d’une volonté artistique. Pourtant, il rétablit la lecture des surfaces composant les frontières d’une salle.
Il existe, dans le travail de Veit Stratmann, un déplacement entre ce qui apparaît reconnaissable, voire commun et ce qui devient troublant parce que l’usage de l’identifiable se greffe dans une situation en décalage. Les dessins sont certes des plans mais ceux-ci soulignent la perte de leur fonction : celle de projeter.
Ils sont devenus des satellites à la pensée de l’artiste, des annexes à sa réflexion sur l’investigation d’un espace. Dès lors, ils n’existent que pour ce qu’ils sont : des plans au trait avec un aplat orange, des dessins techniques avec une qualité plastique, des schémas de prélèvement qui s’avèrent être aussi des esquisses préparatoires. Ils s’affirment d’autant plus dans cette oscillation qu’ils ne sont pas exposés dans une galerie, ni dans un centre d’art, mais dans un “laboratoire”, lieu où l’hypothèse et l’incertitude doivent s’éprouver. La salle d’exposition d’art3, notamment par son retrait vis à vis des bureaux, est un espace où l’œuvre travaille (laborare) encore. Le public peut ainsi poursuivre le travail impulsé par la monstration.
Pascal Thevenet
Expositions individuelles et performances (sélection)
2004
2YK Galerie, Berlin, Allemagne
La Galerie, Noisy le Sec, France (avec Georges Dupin)
2003
E AI? Grota Funda Hill, Rio de Janeiro, Brésil
Galerie Chez Valentin, Paris, France
Le Grand Café, Saint Nazaire, France
LA Box, Bourges, France
2002
Cruce, Madrid, Espagne (avec Bernhard Rüdiger)
Galeria, Teatro do Campo Alegre, Porto, Portugal (avec Didier Faustino)
Das Element für die Strasse, neues Model, Badischer Kunstverein, Karlsruhe, Allemagne
2001
Pour la Chapelle, Chapelle du Geneteil, Château Gontier, France
Musée des Moulages, Lyon, France
Expositions collectives (sélection)
2005
A Angles vifs, CAPC-Musée, Bordeaux, France
Etrangement proche –seltsam vertraut, Saarlandmuseum, Saarbrücken Allemagne
Werte, 11 Biennale des arts plastiques, Pancevo, Serbie et Montenégro
Je m’installe aux abattoirs, la collection Agnes b., Les Abattoirs, Toulouse
Die am Tag träumen, Lenné-Park, Baruth/Mark, Allemagne
2004
Comunism, Project Art Centre, Dublin, Irlande
2003
ESSES, Galerie Chez Valentin, Paris, France
Gestes, Printemps de Septembre, Toulouse, France
2002
Unguter Ort aber besser als die Welt, Colloque et exposition, Akademie der Künste/Projektraum Kampl, Berlin, Allemagne
Vidéodrome, Le Plateau, Paris
Les Heures Claires, Villa Savoye, Puteaux, France