Ma sis t’aime reproductive
Exposition 21.05 > 24.07.2021
du mercredi au vendredi
de 14:00 à 18:00
Le 20 mai en présence de l’artiste
Texte de Lotte Arndt
Jean-Charles de Quillacq, Ma sis t’aime reproductive
L’exposition investit l’économie du désir et des rapports marchands par le biais de la double productivité du corps au travail : corps qui s’emploie physiquement dans la production de biens, de marchandises, d’œuvres et de services ; et qui en même temps se constitue en sujet par l’activation de son propre désir : un désir pourtant, dont la condition pour exister est de parvenir à être aussi celui des autres, indistinctement. Soumis au travail pour garantir sa (re)-production, l’artiste engage sa personne, se dédouble en altérités objectifiées ou fétiches, se décompose en membres isolés, et fabrique sa présence sans pouvoir soustraire pour autant sa personne qui se façonne – joyeusement ou douloureusement – sous le regard de son public.
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Sans titre (jus), 2021. Cuve de reproduction, jus de concombre, 34 l. 50 x 100 x 140 cm. Se sentir physiquement inférieur, se sentir socialement inférieur, 2021. Résine acrylique, silicone talqué, pigment, coton. 30 x 79 x 114 cm. Alexa, 2021. Fibre de verre, époxy, silicone, pigment, talc, sneaker, chaussette. 28 x 83 x 155 cm.
L’odeur du travail, 2021. cuve de reproduction, solution artificielle de sueur (essentiellement chlorure de sodium, hydrogène, urée, méthane), 10 l. 40 x 100 x 130 cm.
Une partie de la cuisine, 2021. Fibre de verre (bassin Aubade), métal (seau de conditionnement de résine époxy), époxy, silicone, pigment, talc. 39 x 45 x 44 cm.
Bulking, 2021 . Film couleur, son, 16 min 40. Regarde-moi bien et dis-moi si tu me connaissais déjà, 2020. Poignée métallique, résine, crème auto-bronzante. 41 x 10 x 18 cm.
Alexa, 2021. Fibre de verre, époxy, silicone, pigment, talc, sneaker, chaussette. 28 x 83 x 155 cm. Sans titre, 2021. Coton, crème hydratante, 22 x 13 x 20 x 11,5 cm. Supplément, 2021. Poignée métallique, résine époxy salie, 4 x 36 x 19,5 cm. Nidal, 2021. Plastique, aliment lacté de croissance, silicone, 31 x 8 x 18 cm. Avoir une petite soeur, penser à moi, 2017-2021. Métal laqué, résine, silicone. 4 x 85 x 19 cm.
Photos Phoebé Meyer.
Jean-Charles de Quillacq, né en 1979, vit entre Zurich et Paris. Il a étudié à l’Ecole Nationale Supérieure de Beaux-Arts (Ensba), Lyon et à la Weißensee Kunsthochschule de Berlin. Il est représenté par Marcelle Alix, Paris.
Il développe des ensembles de sculptures, à la fois conceptuels et fétichistes. Souvent, il les montre en invitant d’autres personnes que lui à prendre en charge leur exposition et accepte alors une certaine perte de contrôle sur les déviations potentielles que ces complicités engendrent.
Depuis 2011, quand il était résident à la Rijksakademie à Amsterdam, J.-C. de Quillacq travaille la résine epoxy qu’il malaxe inlassablement comme une « matière psychique ». Il y incorpore d’autres substances comme de la nicotine, de l’urine, du viagra ou peut y souffler de l’encre bleue de stylos-billes. Cet astreignant travail de la bouche souligne l’importance de l’aspect performatif et de l’oralité dans sa pratique, donnant lieu à plusieurs performances en 2018, Le Remplaçant et L’Imitation par les larmes aux ateliers de Rennes – biennale d’art contemporain, Faire Elle à Triangle France (cur. Lotte Arndt et Marie de Gaulejac) ou en 2016 au Palais de Tokyo, Fraternité Passivité Bienvenue (cur. J.-C. Arcos et Vittoria Matarrese).
Quillacq a par ailleurs participé à plusieurs expositions collectives, dont Humainnonhumain, à la Fondation d’entreprise Ricard (cur. Anne Bonnin, 2014), L’Après-midi, à la Villa Arson qui lui a consacré un court ouvrage monographique (Mes mains dans tes chaussures, 2015), À Cris Ouverts, biennale d’art contemporain de Rennes (cur. Etienne Bernard et Céline Kopp, 2018) et Futur, ancien, fugitif au Palais de Tokyo (cur. Franck Balland, Daria de Beauvais, Adélaïde Blanc et Claire Moulène, 2019).
Son travail a également fait l’objet d’expositions personnelles dont Ma système reproductive à Bétonsalon (cur. Mélanie Bouteloup et Lucas Morin, 2019), La Langue de ma bouche, My Tongue Does This To Me, avec Hedwig Houben, à La Galerie, Centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec (cur. Emilie Renard, 2018), Getting a Younger Sister, Thinking To Myself aux Swiss Art Awards, dont il est l’un des lauréats (Bâle, 2017), Je t’embrasse tous et Autofonction, toutes deux à la galerie Marcelle Alix qui le représente (Paris, 2016 et 2020).