La façon dont apparaît l’image dans mes peintures découle d’une approche exploratoire. Cette investigation dans l’élaboration de l’œuvre m’a permis de constituer un vocabulaire plastique élémentaire. Mes premiers travaux sont à l’encre. Briques contiguës, squelettes d’architecture ou bien de paysages imaginaires sont le résultat d’une utilisation « automatique » du pinceau. Suit une série de peintures à l’encre (1991/1998) réalisée à l’aide de rouleaux. L’application simple, sans mouvement complexe de l’outil, en larges bandes colorées qui se chevauchent, évoque des paysages montagneux, des effets de relief aux prises avec la lumière et les brumes. Intuitivement reconnu par l’œil, ces formes ou compositions limitées offrent malgré la pauvreté des moyens utilisés des perceptions précises.
Le papier constitue un élément essentiel dans ma démarche plastique. Il y a un temps, une pose où l’image peinte s’estompe avant de se fixer à sa surface. Autrement dit, le support papier devient « volume » infime, où l’image en rétention affleure à sa surface.
Je pars en général d’un papier humidifié posé au sol. J’applique à l’aide de brosses ou d’ustensiles divers les couleurs en nappe ou par goutte. Des traits apparaissent, se défont, d’autres applications les révèlent à nouveau. Dans ce laps de temps assez court l’observation de tous ces « chaos infimes » successifs ouvre des perspectives nouvelles. Il faut alors recommencer les interventions dans une approximation méticuleuse. Plus d’eau, moins de pigment, ou bien plus d’attente entre chaque intervention, et l’image saisie, comme posée dans une déliquescence, devient support de rêverie.
L’abstraction joue de la familiarité des formes. C’est au final un équilibre fragile où les vibrations persistent entre soustraction et agglomération.
Dans les approches multiples de mes derniers travaux, j’ai voulu trouver cette continuité où un élément est repris d’une œuvre à l’autre. Chaque peinture prolonge la suivante à la manière d’un récit.
Bruno Bellec, 2001
Bruno Bellec est né en 1965. Il vit et travaille à Paris. Etudes
1988 DNSEP Ecole Régionale des Beaux-Arts du Mans Expositions collectives
1998 « ENTRE OPACITE ET TRANSPARENCE » FRAC Auvergne, 1999 Ecuries de Chazerat, Clermont-Ferrand.
13 bis », Clermont-Ferrand, exposition co-réalisée par Le Creux de de L’Enfer, Centre d’art contemporain de Thiers et l’assoc. art 3 Oeuvres du Fonds Départemental d’Art Contemporain N°5. Hôtel du Département, Clermont-Ferrand. Acquisitions / collections publiques
1996 FRAC Auvergne
1997 Fonds Départemental d’Art Contemporain (Puy-de-Dôme) Bourse
1997 Aide individuelle à la création, DRAC Auvergne, Séminaires
2000-janvier 2002 Séminaires organisés à Moly-Sabata par art3
en partenariat avec l’Ecole nationale des beaux-arts de Lyon.