L’espace d’un instant | 11.03 – 30.04. 2016 | du mercredi au samedi de 14h à 18h | entrée libre
Marion Wintrebert poursuit sa recherche autour d’un répertoire de formes qui tente de débusquer les moments hors d’atteinte produits par chacun d’entre nous, des moments de pause ou d’attente qui trahissent l’impatience du corps. L’artiste tente de réinscrire ces gestes formellement dans un ensemble d’œuvres à la matérialité diverse, vidéo, dessin, céramique, édition.
Sylvie Vojik : Peux-tu nous parler de ton travail et comment pourrais-tu décrire ton programme ?
Marion Wintrebert : Il s’agit pour moi de questionner nos gestes et attitudes face aux autres, à l’espace, en mettant en place des dispositifs simples, des règles du jeu, des outils qui me permettent de me jouer des codes qui régissent notre relation au monde, de relever des chorégraphies, des points de contact. Cela me conduit également à interroger les notions de temps et d’activité. En réponse à cette invitation, j’ai eu envie de mettre l’espace d’art3 en suspens, d’observer discrètement le corps dans ses moments d’entre-deux, de pause, ou d’inactivité. La présence de l’autre s’impose aussi. L’exposition donne à voir des gestes d’instants solitaires, mais aussi des attitudes n’existant qu’en présence des autres, ici dans l’espace public, ou encore des moments d’interaction entre deux corps. Lorsqu’elle n’est pas visible, cette (in)activité, cette gestuelle est en devenir, dans ces espaces en attente vides et silencieux.
SV: Un ensemble de travaux sont réunis pour l’exposition « L’Espace d’un instant ». Peux-tu nous parler du point de départ des Chronotopies ?
MW : Toujours dans l’idée de réfléchir aux différentes temporalités et aux attitudes du corps relatives à celles-ci, les Chronotopies découlent d’une envie d’imaginer des espaces en pause, sans échelle ni cadre spatio-temporel, n’ayant pas de règles ni d’usages prédéfinis. Je les vois comme des jeux de constructions en attente de présence humaine, de corps et de postures, comme espaces potentiels dans lesquels on peut se projeter, où l’on peut prendre/perdre son temps. C’est un peu le procédé inverse de certains projets dans lesquels je donne à voir des gestes sortis de leur contexte. Ici je propose des contextes pour des attitudes possibles.
Echange furtif [LAPSUS DU CORPS OU TOUR DE MAIN], est une règle à suivre comme prescripteur de comportements à inscrire dans une réalité quotidienne, qui suppose l’entrée en contact d’individus. Augmenter la fréquence des contacts accidentels dans l’espace public, par des micro-gestes adressés à autrui. Effleurer, poser son regard, établir un contact et suspendre son activité, ses pensées, juste un instant. Deux corps se frôlent, s’effleurent. Tout se joue dans cet espace, entre-deux.
Il s’agit d’interroger le rapport qu’on entretient à l’autre, notre nécessité de lien social, de relations humaines et notre désir irrésistible de garder l’autre à portée de main.
Sculptures de poche, 2016 (Céramique émaillée) ; Autosatisfaction passagère, 2016 (Vidéo n/b, sans son) ; Chronotopies, 2016 (Dessins sur verre) ; Echange furtif, 2016 [LAPSUS DU CORPS OU TOUR DE MAIN] et micro-gestes. Photos Thierry Chassepoux
Marion Wintrebert, née en 1989, vit et travaille à Lyon.
DNSEP Art, École Supérieure d’Arts de l’Agglomération d’Annecy (ESAAA), 2014